Les kits solaires gagnent en popularité, notamment grâce à la volonté croissante des particuliers de réduire leur facture d’électricité et de soutenir la transition énergétique. Si vous envisagez de raccorder votre installation photovoltaïque au réseau électrique, il est crucial de respecter certaines étapes et de suivre les normes en vigueur afin de garantir une intégration sûre et conforme. Dans cet article, nous allons détailler pas à pas les différentes procédures, les points de vigilance techniques, ainsi que les réglementations à connaître pour un raccordement au réseau réussi et en toute sérénité.


1. Pourquoi raccorder son kit solaire au réseau ?

Avant de plonger dans les aspects techniques et administratifs, il convient de rappeler l’intérêt de raccorder un kit solaire au réseau :

  1. Autoconsommation avec revente du surplus

    • Vous utilisez d’abord l’électricité produite pour couvrir vos besoins.
    • Le surplus non consommé est injecté sur le réseau, ce qui vous permet de recevoir une rémunération (ou un crédit sur votre facture d’électricité), selon les dispositifs en vigueur.
  2. Autoconsommation partielle et sécurité d’approvisionnement

    • Vous profitez de l’énergie solaire en journée pour baisser vos coûts.
    • En cas de production insuffisante (mauvaise météo, nuit), vous complétez avec l’électricité du réseau, sans risquer de manquer d’énergie.
  3. Limiter la taille de la batterie

    • En étant relié au réseau, vous avez moins besoin de stocker l’électricité.
    • Cela réduit les frais liés à l’achat et à la maintenance d’une batterie de grande capacité.
  4. Respect des règles

    • Dans certains pays, raccorder votre kit solaire au réseau implique de respecter un cadre réglementaire strict.
    • Cela garantit une exploitation en toute sécurité et évite les perturbations sur le réseau public.

Le raccordement au réseau n’est pas obligatoire pour chaque projet solaire. Certains préfèrent une installation hors réseau (off-grid), principalement dans les zones isolées. Toutefois, pour la majorité des foyers en milieu raccordé, le kit solaire en autoconsommation (avec ou sans vente de surplus) constitue une solution efficace et rentable.


2. Les démarches administratives préalables

2.1 Déclaration de travaux ou permis de construire

En fonction de la puissance de votre installation et de la configuration (sur toiture, en façade, au sol), vous devrez peut-être effectuer certaines démarches auprès de votre mairie :

  • Déclaration préalable de travaux : généralement requise si vous modifiez l’aspect extérieur de votre habitation, par exemple en installant des panneaux solaires sur le toit.
  • Permis de construire : obligatoire dans certains cas spécifiques (zone protégée, monuments historiques, installations de grande puissance, etc.).

Renseignez-vous systématiquement auprès de votre mairie pour connaître les procédures en vigueur dans votre commune. Un délai d’instruction de quelques semaines est généralement à prévoir.

2.2 Raccordement au réseau : contacter le gestionnaire

En France, le principal gestionnaire de réseau est Enedis (ex-ERDF). Si vous souhaitez injecter de l’électricité sur le réseau, vous devrez ouvrir un dossier de raccordement et remplir des formulaires spécifiques. Les étapes clés :

  1. Constituer un dossier technique : puissance de l’installation, coordonnées, schémas unifilaires, etc.
  2. Demande de raccordement : vous l’envoyez via le portail Enedis ou par courrier, selon les instructions du gestionnaire.
  3. Proposition de raccordement : le gestionnaire vous adresse une proposition détaillant les travaux à réaliser (éventuelle pose d’un nouveau compteur, adaptation du réseau…), et le coût éventuel de ces travaux.
  4. Signature et paiement : vous validez la proposition, et les travaux sont planifiés.

Si vous envisagez seulement l’autoconsommation sans injection (autoconsommation totale), vous devez malgré tout déclarer votre installation, car tout équipement raccordé au réseau doit être signalé. Les conditions sont toutefois simplifiées si vous n’injectez rien ou si vous injectez un surplus très limité.

2.3 Contrat d’achat du surplus

Si vous choisissez de vendre une partie de l’énergie que vous produisez, vous devez souscrire un contrat d’achat (ou obligation d’achat) auprès d’un organisme agréé (EDF OA ou autres). Ce contrat fixe les conditions de rachat du kWh injecté (tarif, durée, modalités de facturation, etc.). La puissance de votre kit solaire déterminera le tarif de rachat applicable, régulièrement révisé par l’État.


3. Les normes et règles de sécurité à respecter

3.1 Référentiels et certifications

Plusieurs référentiels encadrent le raccordement photovoltaïque, parmi lesquels :

  1. NF C 15-100 : la référence en matière d’installations électriques basse tension en France. Elle définit notamment les exigences de protection, de mise à la terre, de section des câbles…
  2. NF EN 62109 : normes spécifiques aux onduleurs et convertisseurs pour installations photovoltaïques.
  3. Guide UTE C 15-712 : portant sur le raccordement des installations de production au réseau public en basse tension.

Veillez à ce que votre équipement (panneaux, onduleur, coffrets de protection) soit conforme à ces normes et muni du marquage CE. Optez pour du matériel de qualité disposant de certifications reconnues (IEC, TUV, etc.) pour garantir fiabilité et durabilité.

3.2 Protection des personnes et des biens

Un raccordement sécurisé implique de mettre en place plusieurs dispositifs de protection :

  • Disjoncteurs : en amont et en aval de l’onduleur, pour couper l’installation en cas de surcharge ou de défaut.
  • Interrupteur sectionneur : facilite la maintenance en permettant de séparer physiquement l’onduleur du réseau et/ou des panneaux.
  • Para-surtenseur : protège l’installation contre la foudre et les surtensions transitoires.
  • Protection différentielle : empêche tout risque d’électrocution en cas de contact accidentel avec une partie active.
  • Mise à la terre : indispensable pour évacuer les courants de fuite et les décharges statiques, et protéger les intervenants ou les habitants.

3.3 Coupure d’urgence et règles d’îlotage

Un système raccordé au réseau doit disposer d’un dispositif d’îlotage pour couper automatiquement la production solaire en cas de coupure du réseau général. En effet, on ne doit pas injecter de courant dans des lignes hors tension, sous peine de mettre en danger les techniciens ou pompiers qui pourraient intervenir. Les onduleurs modernes intègrent généralement cette fonctionnalité, respectant la norme DIN VDE 0126-1-1 ou son équivalent.


4. Le choix de l’onduleur et du schéma de raccordement

4.1 Onduleur centralisé, micro-onduleurs ou hybride

Plusieurs types d’onduleurs sont compatibles avec le raccordement au réseau :

  1. Onduleur monophasé ou triphasé : classique, généralement placé à proximité du tableau électrique ou dans un local technique. Il convertit la totalité du courant continu (DC) issu des panneaux en courant alternatif (AC).
  2. Micro-onduleurs : installés directement derrière chaque panneau (ou groupe de panneaux). Ils simplifient le câblage et améliorent le rendement en cas d’ombrage partiel.
  3. Onduleur hybride : gère à la fois la production solaire et une batterie de stockage pour l’autoconsommation. Il autorise le raccordement au réseau tout en permettant une alimentation de secours (back-up) lors de pannes.

Le choix dépend de la puissance totale de votre kit, de la configuration de votre toiture (éventuelles zones d’ombre), de votre budget et de votre volonté de stocker l’excédent d’énergie. Dans tous les cas, l’onduleur doit être adapté à la tension et à la puissance crête (Wc) de vos panneaux pour éviter tout phénomène de sous- ou sur-dimensionnement.

4.2 Schéma de câblage

En général, on distingue :

  • La partie DC (courant continu) : du panneau jusqu’à l’onduleur, où l’on retrouve un coffret de protection DC (avec fusibles, parafoudre et interrupteur sectionneur).
  • La partie AC (courant alternatif) : sortie de l’onduleur vers le tableau de répartition. On y ajoute un coffret de protection AC (disjoncteur, parafoudre côté AC, etc.).

Lorsque vous injectez au réseau, l’onduleur est branché sur votre tableau électrique, en aval du disjoncteur principal. L’énergie produite peut alors alimenter directement vos appareils en autoconsommation et, s’il y a un surplus, passer par votre compteur pour être injectée sur le réseau. Dans ce cadre, un compteur Linky ou équivalent (compteur communicant) facilite la mesure de l’énergie injectée et soutirée.


5. La mise en service et le contrôle de conformité

5.1 Vérifications préalables

Une fois votre installation photovoltaïque en place (panneaux, structure, onduleur, protections…), vous devez réaliser plusieurs contrôles pour vous assurer de la conformité :

  1. Vérification du câblage : absence de fils dénudés, polarités correctes, serrage des borniers, passage des câbles loin des zones à risque.
  2. Test d’isolation : s’assurer que la résistance d’isolement sur la partie DC est conforme et qu’il n’y a pas de fuite de courant.
  3. Contrôle des protections électriques : le disjoncteur déclenche correctement, l’interrupteur sectionneur fonctionne, etc.
  4. Mise à la terre : mesurer la résistance de terre, qui doit être suffisamment basse (typiquement < 100 ohms).

5.2 Le Consuel

En France, pour toute nouvelle installation électrique ou modification substantielle, un passage du Consuel (Comité national pour la sécurité des usagers de l’électricité) peut être requis. Le Consuel établit un certificat de conformité (Attestation CONSUEL) prouvant que votre installation répond aux normes.

  • Si vous restez en autoconsommation totale, l’exigence du Consuel peut dépendre de la puissance et de la nature des travaux.
  • En cas d’injection au réseau, le Consuel est généralement obligatoire pour valider le raccordement définitif.

Le technicien vérifie la cohérence du schéma électrique, la présence des dispositifs de protection, la qualité des connexions, etc. Une fois ce contrôle validé, vous pouvez finaliser la mise en service et injecter légalement sur le réseau.

5.3 Mise en service avec le gestionnaire

Lorsque le Consuel a délivré son certificat de conformité :

  1. Enedis (ou le gestionnaire local) intervient pour poser, reprogrammer ou contrôler votre compteur (Linky ou autre).
  2. Vous procédez alors à la mise sous tension de l’onduleur, selon la procédure définie par le fabricant.
  3. Vous surveillez les premières heures de fonctionnement pour détecter tout problème éventuel (message d’erreur, production anormale, disjoncteurs qui sautent…).
  4. Vous validez enfin la mise en service auprès du gestionnaire et de votre fournisseur d’électricité, pour entamer la facturation ou la compensation sur votre facture.

6. Sécurité et maintenance à long terme

6.1 Surveillance de l’installation

Un système photovoltaïque raccordé au réseau doit faire l’objet d’une surveillance régulière :

  • Suivi de la production : la plupart des onduleurs proposent un affichage (ou un accès en ligne) indiquant la production instantanée, journalière et cumulée. Ainsi, vous repérez vite une baisse de rendement pouvant indiquer un problème (panneau défectueux, micro-onduleur HS, etc.).
  • Vérification visuelle : de temps à autre, montez vérifier l’état général des panneaux (fissure, salissure persistante, feuilles mortes) et de la structure. Assurez-vous également que les câbles ne sont pas endommagés (rongeurs, UV).

6.2 Entretien régulier

Un entretien minimal et régulier suffit à maintenir la performance :

  • Nettoyage des panneaux : en général, la pluie fait l’essentiel, mais un nettoyage léger (eau claire, brosse douce) peut être utile pour enlever des saletés ou du pollen en excès. Évitez tout produit chimique abrasif.
  • Contrôle des fixations : vérifiez annuellement le serrage des vis et crochets, pour éviter les infiltrations ou le risque de détachement en cas de vents forts.
  • Mises à jour de l’onduleur : certains fabricants proposent des firmwares améliorant la gestion du réseau ou la performance. Connectez-vous à l’interface de l’onduleur pour appliquer les éventuelles mises à jour.

6.3 Évolutions et extensions

Il se peut qu’après quelques années, vous souhaitiez augmenter la puissance de votre kit solaire ou ajouter une batterie pour améliorer votre taux d’autoconsommation. Dans ce cas, veillez à :

  • Mettre à jour votre déclaration auprès d’Enedis si la puissance nominale de l’installation change.
  • Vérifier que votre onduleur peut supporter la puissance supplémentaire (marge de dimensionnement).
  • Respecter à nouveau les normes de sécurité et réaliser un nouveau passage Consuel si nécessaire.

7. Les différents modes d’injection : revente totale ou surplus

7.1 Revente totale

Dans ce mode, toute l’énergie produite est injectée au réseau. Vous avez alors deux compteurs distincts :

  • Un compteur pour votre consommation domestique (vous payez votre fournisseur habituel).
  • Un compteur pour votre production (vous vendez votre électricité à un tarif conventionné).

L’investissement est parfois plus élevé, car vous cherchez à maximiser la puissance installée pour dégager un revenu. Ce schéma était très courant il y a quelques années, mais aujourd’hui, l’autoconsommation est souvent privilégiée pour ses avantages économiques et écologiques (réduction de la dépendance réseau).

7.2 Revente du surplus

Avec l’autoconsommation partielle, vous consommez d’abord l’électricité produite, et le surplus éventuel est injecté et vendu. Le tarif de rachat est moins élevé que celui de la revente totale, mais vous réalisez d’importantes économies en couvrant directement vos besoins. Le calcul du taux d’autoconsommation (part de l’énergie produite que vous consommez vous-même) devient alors un indicateur clé pour évaluer la rentabilité.

7.3 Pas d’injection (autoconsommation totale)

Il est possible de n’injecter aucun kWh sur le réseau. Cela nécessite un onduleur paramétré en conséquence (ou un système de régulation bloquant l’injection). Vous devez tout de même déclarer votre installation à Enedis pour raisons de sécurité, mais le dossier est simplifié. Notez que si votre production dépasse brièvement votre consommation, cet excédent n’est pas valorisé et se perd.


8. Estimer la rentabilité d’un raccordement au réseau

8.1 Coût de l’installation et aides financières

Le raccordement au réseau implique plusieurs coûts :

  • Achat des panneaux, de la structure, de l’onduleur et du matériel de protection.
  • Frais éventuels de dossier et de travaux de raccordement par Enedis.
  • Éventuels honoraires d’architecte ou d’urbanisme si vous êtes en zone protégée.

En parallèle, vous pouvez bénéficier d’aides (prime à l’autoconsommation, tarifs d’achat subventionnés, TVA réduite…) selon la puissance installée. Ces aides varient dans le temps, renseignez-vous sur les conditions en vigueur (en France, les puissances <= 9 kWc bénéficient souvent d’un mécanisme de soutien intéressant).

8.2 Calcul du retour sur investissement

Pour évaluer la rentabilité :

  1. Estimez la production solaire annuelle : dépend de la puissance (kWc), de l’ensoleillement local, de l’orientation, etc.
  2. Calculez les économies réalisées : chaque kWh autoconsommé vous épargne l’achat d’électricité au tarif régulier.
  3. Ajoutez le revenu du surplus : si vous vendez une partie de l’énergie, comptez le tarif de rachat x la quantité injectée.
  4. Comparez au coût total (achat + pose + raccordement).
  5. Obtenez une durée d’amortissement approximative (en nombre d’années), après quoi votre production d’électricité sera quasiment gratuite.

9. Les points de vigilance pour une installation durable

  1. Soigner la qualité de la pose : une mauvaise étanchéité de la toiture ou des fixations défaillantes peuvent causer plus de désagréments que d’économies.
  2. Sélectionner un installateur compétent et certifié (RGE en France) si vous faites appel à un professionnel. Cela vous garantit un travail conforme aux normes et l’accès à certaines aides.
  3. Ne pas négliger les petits détails : la qualité des connecteurs, la section des câbles, la position des coffrets de protection… Tout cela influe sur la sécurité et la performance.
  4. Anticiper la maintenance : même si un kit solaire nécessite peu d’entretien, prévoyez une visite de contrôle tous les 2 à 3 ans (serrage, test de performance, nettoyage approfondi si besoin).

10. Conclusion : un raccordement réussi, gage de sécurité et d’efficacité

Raccorder son kit solaire au réseau électrique en toute sécurité et dans le respect des normes requiert une préparation minutieuse, un choix judicieux des équipements, ainsi que des démarches administratives bien anticipées. De la déclaration de travaux à l’installation des protections (coffrets AC/DC, disjoncteurs, parafoudre), chaque étape vise à garantir le bon fonctionnement de l’ensemble et la sécurité des occupants comme celle des agents qui interviennent sur le réseau.

En suivant les prescriptions du gestionnaire de réseau (Enedis en France) et les référentiels normatifs (NF C 15-100, Guide UTE C 15-712, etc.), vous vous assurerez une mise en service conforme. Vous pourrez alors profiter pleinement de votre électricité solaire, réduire significativement vos factures, voire tirer un revenu complémentaire de la revente du surplus.

De plus, grâce à la veille technologique sur les onduleurs (fonction hybride, stockage batterie, micro-onduleurs, monitoring à distance…), vous optimiserez votre installation au fil du temps. Ainsi, le raccordement au réseau demeure une solution privilégiée pour allier simplicité, rentabilité et sécurité d’approvisionnement. En maîtrisant ces tenants et aboutissants, vous serez en mesure de piloter votre projet photovoltaïque de manière autonome ou, le cas échéant, de faire appel à un professionnel pour assurer un résultat durable et parfaitement aux normes.

En somme, raccorder son kit solaire au réseau ouvre la voie à une autonomie énergétique partielle ou totale, tout en s’inscrivant dans une démarche écologique et responsable. Avec une installation bien conçue et bien protégée, vous investissez dans un système qui vous accompagnera pendant plus de vingt ans, tout en contribuant activement à la transition énergétique.

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